"Souviens-toi que tu mourras"

Espace de réflexion en mots, en images, en silence, où l'on aborde des sujets tels que la mémoire, les traces, le passage, les cimetières, les monuments, et la mort. Parallèlement à [MEMENTO MORI] DESIGN vous trouverez des photographies prises au cours des vingt dernières années lors de déambulations dans les cimetières du monde, des réflexions, des poèmes, abordant notre rapport au temps, au sacré, aux rites, ... dans un monde où tout tourne de plus en plus vite, et où la mort est encore un tabou.

27.5.10

Effacement de l'espace funèbre...

Les cimetière est un enchevêtrement de signe, d'écriture, de figure et d'architecture; les tombeaux s'inscrivent dans un dispositif mémorial qui inscrit la place, le territoire des morts. les traces racontent, invitent, suggèrent, sous-entendent, imaginent du sens; elles sauvegardent la mémoire, comme preuve d'une permanence qui n'est pas seulement celle de la mémoire de l'autre, c'est aussi un lieu de culture.

En 4 siècles, le cimetière s'est effacé continûment. Certains proposent même d'enterrer les cimetières en s'inspirant de la construction de parkings souterrains. Cette idée est héritée des Romains et réapparaît au 18e chez l'architecte Nicolas Ledoux. Le destin de ces lieux est-il voué à disparaître sous terre, à se transformer radicalement, la question se pose, car le cimetière garde sa dimension collective de jadis, mais il est devenu, un espace funéraire de plus en plus privé où le culte des morts semble se personnaliser et en fait il s'uniformise à grands pas...

Offrande

18.5.10

Pendant 54 ans avec des étoiles
J'ai décoré le ciel.
Maintenant, j'y gambade,
C'est bouleversant!.


Dôgen 1200-1253
365 jours Zen, p.102

un détail à Montserrat

11.5.10

Seul à l'instant de la naissance,
Seul à l'instant de la mort,
Entre-temps
Jour et nuit, rien que seul.


Ce "moi", qui seul vient en ce monde
Et seul, quitte ce monde.
C'est le même "moi" qui vit en solitude
Dans cette cabane.


Ce que je désigne par "seul"
C'est oublier à la fois le fait d'être seul
Et celui de ne pas l'être
Et encore oublier celui qui oublie
Voici la véritable solitude.


SENGAÏ 1750 - 1837
365 jours Zen, p 291

La rue Hang Mam (des urnes et des stèles) à Hanoi

Photographie de Pierre Blache

6.5.10

1.5.10

La mort, "génie inspirateur de philosophie" selon Shopenhaueur





"Si le thème de la philosophie comme "apprentissage de la la mort" ne disparaît pas après Montaigne, il subit indiscutablement un éclipse. Ni Descartes, qui vise à fonder une science nouvelle, ni Pascal, qui reproche à Montaigne de vouloir mourir "mollement", ne se préoccupent beaucoup de cet antique héritage. Spinoza, de son côté écartera la question du champs des préoccupations philosophique légitimes. Sans doute faut-il, pour que le thème de l'apprentissage de la mort revienne avec quelque force, que s'atténue la domination du christianisme et que s'affaiblisse le règne de la rationalité systématique. Le retour à une certaine forme d'éducation philosophique, de travail sur soi, de conversation existentielle porte, dans l'histoire de la pensée contemporaine, le nom d'Arthur Shopenhauer. (...) Aux yeux de Schopenhauer, la réflexion philosophique est, au même titre que l'élaboration des systèmes de croyances religieux, une réponse à l'angoisse engendrée par la mort. Plus nettement: philosophie et religion sont des formes de thérapie, à tout le moins de remède ou de médicament. Chez l'homme, l'effrayante certitude de la mort à fait son apparition en même temps que la raison. Toutes les religions et tous les systèmes philosophiques sont donc, au premier chef, l'antidote de la raison qui réfléchit produit, par ses ressources propres, contre la certitude de la mort. "
La mort et l'immortalité_Encyclopédie des savoirs et des croyances_ p99 Roger-Pol Droit.