"Si le thème de la philosophie comme "apprentissage de la la mort" ne disparaît pas après Montaigne, il subit indiscutablement un éclipse. Ni Descartes, qui vise à fonder une science nouvelle, ni Pascal, qui reproche à Montaigne de vouloir mourir "mollement", ne se préoccupent beaucoup de cet antique héritage. Spinoza, de son côté écartera la question du champs des préoccupations philosophique légitimes. Sans doute faut-il, pour que le thème de l'apprentissage de la mort revienne avec quelque force, que s'atténue la domination du christianisme et que s'affaiblisse le règne de la rationalité systématique. Le retour à une certaine forme d'éducation philosophique, de travail sur soi, de conversation existentielle porte, dans l'histoire de la pensée contemporaine, le nom d'Arthur Shopenhauer. (...) Aux yeux de Schopenhauer, la réflexion philosophique est, au même titre que l'élaboration des systèmes de croyances religieux, une réponse à l'angoisse engendrée par la mort. Plus nettement: philosophie et religion sont des formes de thérapie, à tout le moins de remède ou de médicament. Chez l'homme, l'effrayante certitude de la mort à fait son apparition en même temps que la raison. Toutes les religions et tous les systèmes philosophiques sont donc, au premier chef, l'antidote de la raison qui réfléchit produit, par ses ressources propres, contre la certitude de la mort. "
La mort et l'immortalité_Encyclopédie des savoirs et des croyances_ p99 Roger-Pol Droit.