"Souviens-toi que tu mourras"

Espace de réflexion en mots, en images, en silence, où l'on aborde des sujets tels que la mémoire, les traces, le passage, les cimetières, les monuments, et la mort. Parallèlement à [MEMENTO MORI] DESIGN vous trouverez des photographies prises au cours des vingt dernières années lors de déambulations dans les cimetières du monde, des réflexions, des poèmes, abordant notre rapport au temps, au sacré, aux rites, ... dans un monde où tout tourne de plus en plus vite, et où la mort est encore un tabou.

14.12.10

lu ce matin

article du NY Times sur les rituels mortuaires...

29.11.10

projet de listes

si j'ai le temps
avant de mourir,
j'aimerais faire une liste 
des hommes, des femmes, des enfants,
des personnes que j'ai aimés
j'aimerais leur envoyer un petit mot pour leur dire
combien ils ont été importants pour moi
comment ils m'ont marqués
pourquoi je pense à eux
j'utiliserai du papier, une enveloppe
j'essayerai de n'oublier personne
cela va être difficile
peut-être que mes petits carnets d'adresse me seront utiles
surtout si je ne suis pas sur F(...) vous savez quoi

lu récemment

22.11.10

1.11.10

intérieur d'un Chorten 
une brèche dans le mur ouvert 
sans doute par accident
nous à permis de voir
des centaines de petites formes 
fabriquées en céramique
gravées de prières
enfouies depuis des siècles



Premier et deux novembre, jours en mémoire des morts

Au Mexique dans presque tous les cimetières des villes et des villages, depuis quelques jours déjà, les gens s'affairent et préparent ces journées sacrées, Los dias de los muertos. J'ai observé des enfants en train de laver et de balayer les pierres tombales, des familles en train de saupoudrer la terre avec de la chaux blanche pour y déposer des offrandes en honneur des morts. Ces rites font partie du quotidien, intégrés dans la vie courante, ils deviennent aussi des attractions touristiques...car il me semble, que l'on préfère visiter les cimetières en voyage plutôt que de se promener dans les cimetières près de chez nous ? 
Depuis toujours j'aime déambuler dans les cimetières, ici et ailleurs, pour moi ce sont des jardins de repos, des lieux calmes, des espaces privilégiés pour le promeneur, pour celui ou celle qui aime la lenteur, car ils sont souvent reculés du brouhaha de la cité; les cimetières sur le Mont-Royal sont pour bien des raisons des joyaux de la ville autant par leurs monuments que par la faune et la flore environnante.
Que ce soit aujourd'hui ou demain ou un autre jour, je vous invite à penser à ces morts qui ont fait partie de votre vie un jour, en honorant leur mémoire d'une façon ou d'une autre, par une pensée, un geste, une bougie allumée, ...

30.10.10

28.10.10

Si aujourd'hui était mon dernier jour...

si demain était mon dernier jour...
se pose-t-on suffisamment la question?
parfois j'en doute, quand je vois la vitesse folle de nos vies
qui semble toujours s'accélérer telle une course effrénée...
mais vers quoi ?


si demain était mon dernier jour
j'aimerais être près d'une montagne
avec la vue sur l'eau
respirer profondément
être
dans les bras d'une personne que j'aime
sans doute écrirais-je un mot
à mes amis, dire merci
à ceux et celles qui ont marqués ma vie


si demain était mon dernier jour...

23.10.10

Leh, Ladakh, suite à la marche aux chandelles ...

pour commémorer les morts, les disparus et les sinistrés du Ladakh, suite à une coulée de boue, aux crues inusitées des rivières pour cette région désertique du bout du monde ... nuit du 4 et 5 août 2010

16.10.10


Quand je ne serai plus là ...

Qui va s'occuper des mes affaires
Qui va fouiller dans mes armoires
Qui va soulever la poussière
Qui va jeter, garder, trier ou lire

Je ne sais pas

Car je suis seule

Alors je vais me préparer, avant vous
pour que le tout soit clair
limpide
décidé
maintenant

Je vais faire des listes
des demandes
des arrangements
laisser des notes
sur les paquets, les boîtes
les choses
et vous dire la mémoire
l'histoire de chacun, chacune

Mais qu'importe
tous ces objets, 
toutes ces matières
toutes ces histoires
disparaîtront avec ma vie

Ils sont ma vie
Aujourd'hui, demain
pas après!

13.10.10

réflexion sur les lieux de mémoires, suite


À moins d'être un nécrophore averti, un croyant pratiquant les rites aux morts; un passionné d'histoire, de monuments et de signes; un observateur d'oiseaux ou de silence; on ne fréquente plus tant le cimetière comme avant, on s'en approche peu, on le regarde de loin en passant en voiture ou en train à la périphérie des villes. Espace ambigu, le cimetière contemporain n'est plus au cœur de la vie, à l'entrée du village, autour de l'église, il est plutôt relégué à l'extérieur des cités et on le fréquente moins; les nouveaux promoteurs préfèrent l'éloigner de nos regards et de nos vies.  Lieu d’errance, il est un univers à part que l’on met plus souvent hors scène. Espace de conservation essentiel pourtant, son contenu imaginaire se doit de rester intact; à la lumière de ma petite enquête, on ne semble pas vouloir le perdre ou le voir disparaître, mais on peut douter de son existence à long terme, car c’est un espace clos, éloigné et moins visité, ou seulement en vacances dans une ville inconnue.  Peut-on alors douter de sa pérennité, l’imaginer se transformant lentement, car il est de plus en plus ignoré de la culture, du culte et de la vie des vivants. Qui seront les gardiens de la mémoire de demain. Quels seront les supports de mémoire de demain ?.

Tombeau créé par Isamu Noguchi


Si l'on considère les cimetières et les nécropoles en occident _grands cimetières au sein des villes et non les tombes étrusques à caractère monumental_ comme lieux où s'inscrit la mémoire des morts, le cimetière est avant tout un lieu ou foisonne des symboles laïques, religieux, politique, où les dépouilles demeurent d’une certaine façon à la merci des survivants et de leurs fantasmes. On pourrait dire, que le rapport qu'entretiennent les sociétés avec leurs cimetières est loin d'être clair, il n’en est pas moins un reflet, plus souvent qu'autre chose. Les nécropoles recèlent des secrets, informent sur le flux des populations, mais dans le fond, ils bougent peu, les signes du temps y accèdent lentement, loin de nos sociétés où tout va de plus en plus vite, le cimetière reste calme. Sorte d'univers de rêves aux signes funéraires rassurants, le cimetière par sa lente évolution, tenterait-il de prouver à l'homme qu'il est immortel, éternel. L'important c'est que rien ne change, que le monument s'inscrive éternellement, que les fleurs de plastiques comblent la défaillance de signes naturels, et dispensent les vivants de venir le renouveler. Jean-Didier Urbain dira que « c'est finalement autour du fantasme naïf de conservation des morts que se sont développés leur culte, les rites, les pratiques et les productions symboliques qui l'accompagnent» (Jean-Didier Urbain, La société de conservation. Études sémiologique des cimetières d’Occident,Payot, 1978P.10)

8.10.10

Le baiser, Brancusi





au cimetière Montparnasse, retrouvé en rangeant mes disques durs...


2.10.10

1.10.10

Ladakh, Vallée de la Nubra

 fours crématoires



funeste (adj.)

1.qui porte, entraîne le malheur, la mort.
ÉTYMOLOGIE
Lat. funestus, de même radical que funus, funérailles, et qui signifie proprement souillé par la mort.




Le littré (1880)
1. Qui porte malheur et désolation avec soi.
• Et c'est toujours prudence, en un péril funeste, D'offrir une moitié pour conserver le reste (CORN.Toison d'or, I, 2)
• Et par un coup funeste Andromaque m'arrache un coeur qu'elle déteste (RAC. Andr. IV, 5)
• Mais qui rend à vos yeux cet hymen si funeste ? (RAC. Bérén. I, 3)
Le coup funeste, le coup qui donne la mort.
• Cet homme qui, à l'exemple de sa famille, cultivait les lettres et les armes et dont l'esprit égalait la valeur, reçoit le coup funeste qu'il avait tant cherché (VOLT. Mél. litt. Élog. fun. offic.)
Funeste à. Ce jour m'est bien funeste.
• Combien il en paraît [d'hommes] dans l'histoire, à qui leur audace a été funeste ! (BOSSUET Reine d'Anglet.)
• Je voudrais des chrétiens voir l'heureuse contrée, Quitter ce lieu funeste à mon âme égarée (VOLT.Zaïre, V, 3)
2. Triste et douloureux. Je fis les plus funestes réflexions.
• Si les devoirs de la nature nous appellent auprès de nos parents quand ils meurent, nous nous retirons d'auprès d'eux quand ils sont morts, afin de nous épargner ce funeste spectacle (CORN. Exam. d'Oed.)
• Et quoique mon courage Se fit de ce complot une funeste image (RAC. Andr. V, 3)
• Et qu'est-ce que sa vue a pour vous de funeste ? (RAC. Andr. II, 1)
• Vous verrai-je toujours, renonçant à la vie, Faire de votre mort les funestes apprêts ? (RAC. Phèdre, I, 3)
• Quittez, quittez, seigneur, ce funeste langage (RAC. Andr. II, 2)

27.5.10

Effacement de l'espace funèbre...

Les cimetière est un enchevêtrement de signe, d'écriture, de figure et d'architecture; les tombeaux s'inscrivent dans un dispositif mémorial qui inscrit la place, le territoire des morts. les traces racontent, invitent, suggèrent, sous-entendent, imaginent du sens; elles sauvegardent la mémoire, comme preuve d'une permanence qui n'est pas seulement celle de la mémoire de l'autre, c'est aussi un lieu de culture.

En 4 siècles, le cimetière s'est effacé continûment. Certains proposent même d'enterrer les cimetières en s'inspirant de la construction de parkings souterrains. Cette idée est héritée des Romains et réapparaît au 18e chez l'architecte Nicolas Ledoux. Le destin de ces lieux est-il voué à disparaître sous terre, à se transformer radicalement, la question se pose, car le cimetière garde sa dimension collective de jadis, mais il est devenu, un espace funéraire de plus en plus privé où le culte des morts semble se personnaliser et en fait il s'uniformise à grands pas...

Offrande

18.5.10

Pendant 54 ans avec des étoiles
J'ai décoré le ciel.
Maintenant, j'y gambade,
C'est bouleversant!.


Dôgen 1200-1253
365 jours Zen, p.102

un détail à Montserrat

11.5.10

Seul à l'instant de la naissance,
Seul à l'instant de la mort,
Entre-temps
Jour et nuit, rien que seul.


Ce "moi", qui seul vient en ce monde
Et seul, quitte ce monde.
C'est le même "moi" qui vit en solitude
Dans cette cabane.


Ce que je désigne par "seul"
C'est oublier à la fois le fait d'être seul
Et celui de ne pas l'être
Et encore oublier celui qui oublie
Voici la véritable solitude.


SENGAÏ 1750 - 1837
365 jours Zen, p 291

La rue Hang Mam (des urnes et des stèles) à Hanoi

Photographie de Pierre Blache

6.5.10

1.5.10

La mort, "génie inspirateur de philosophie" selon Shopenhaueur





"Si le thème de la philosophie comme "apprentissage de la la mort" ne disparaît pas après Montaigne, il subit indiscutablement un éclipse. Ni Descartes, qui vise à fonder une science nouvelle, ni Pascal, qui reproche à Montaigne de vouloir mourir "mollement", ne se préoccupent beaucoup de cet antique héritage. Spinoza, de son côté écartera la question du champs des préoccupations philosophique légitimes. Sans doute faut-il, pour que le thème de l'apprentissage de la mort revienne avec quelque force, que s'atténue la domination du christianisme et que s'affaiblisse le règne de la rationalité systématique. Le retour à une certaine forme d'éducation philosophique, de travail sur soi, de conversation existentielle porte, dans l'histoire de la pensée contemporaine, le nom d'Arthur Shopenhauer. (...) Aux yeux de Schopenhauer, la réflexion philosophique est, au même titre que l'élaboration des systèmes de croyances religieux, une réponse à l'angoisse engendrée par la mort. Plus nettement: philosophie et religion sont des formes de thérapie, à tout le moins de remède ou de médicament. Chez l'homme, l'effrayante certitude de la mort à fait son apparition en même temps que la raison. Toutes les religions et tous les systèmes philosophiques sont donc, au premier chef, l'antidote de la raison qui réfléchit produit, par ses ressources propres, contre la certitude de la mort. "
La mort et l'immortalité_Encyclopédie des savoirs et des croyances_ p99 Roger-Pol Droit.

27.4.10

Près du temple...



















Tombeaux à Ayuthaya en Thailande, photographie de Pierre Blache

Les chimpanzés et la mort.

Lu et regardé ce matin... en silence, devant une giboulée d'avril.

24.4.10

Pensée bouddhiste...

Photographie prise par Pierre Blache à Chang Mai en Thaillande...


23.4.10

...

















Entendu il y a quelques jours: "Les morts avec les morts, les vivants avec les vivants"

"Deuils" série

"recroquevillé dans sa chaise
conçue sur mesure
le regard errant
totalement impuissant
elle le nourrit en lui parlant
les mots volent dans le vide
du corps déjà parti
le cerveau somnolent
parfois une impression de présence
un petit hum de contentement
malgré les cellules brûlées
elle respire
en le préférant
mort"

19.4.10

Extrait E-Newsletter 2008 "Centre for Natural Burial"

"Cemetery Development (Japan): With natural burial grounds becoming increasingly popular among people wanting to "return to nature" after they die, a new ecologically friendly woodland burial ground was opened near Tokyo this autumn. Situated in a quiet, hilly area in Sodegaura, Chiba Prefecture, about a one-hour drive from central Tokyo, the Soto sect Shinkoji temple opened the burial ground after clearing about 10,000 square meters of land in its compound.Located about 80 meters above sea level, the area, which is covered with lawns and planted with saplings of cherry and camphor trees, has a tranquil atmosphere."This burial ground enabled us to meet the needs of those wishing to be laid to rest in nature," temple priest Kazuyuki Okamoto said. "At the same time, we can pass on satoyama [forests close to human settlements] with a balanced ecosystem to future generations."A tombstone, measuring 18 centimeters by 18 centimeters, and five centimeters thick, can be inscribed with the owner’s name and placed in the plot.The cost is 700,000 yen per person, and plots can accommodate couples or even an entire family. When two or more persons are buried in a plot, 400,000 yen is charged for each additional person buried there. The temple plans to make 140 plots available.The temple and those signing a contract to be buried in the grounds will plant trees every year in the cemetery. About 100 species of trees, mainly those indigenous to the region, such as the yamazakura cherry tree, the mitsubatsutsuji azalea and the shirakashi oak, will be planted in the grounds. The temple plans to tend to the trees indefinitely.A number of natural burial options have become available in recent years, including two popular "cherry burial grounds" in Tokyo, where ashes are buried under cherry trees."


16.4.10

Près de Fontaine-Étoupefour



































Que reste-t-il dans les cimetières de villages...

Canserrat


Mont-Royal

Oubli

"Visitez, par exemple, les cimetières français d'aujourd'hui. Une vingtaine, pris au hasard, devraient suffire. Cédant le pas à la mélancolie, vous serez vite envahi par une irrépressible sensation d'absurdité. Vous ne trouverez dans votre promenade que la répétition d'objets atrophiés, qu'un seul signe reproduit à l'infini, une même et pauvre tombe fabriquée industriellement. Cette absence d'imagination statuaire semble procéder de la logique de l'habitude plutôt que d'un travail de célébration et de commémoration, d'une manie d'accumulation tournant à vide plutôt que d'une coutume vivante et vécue. Ces objets étranges paraissent avant tout éviter un effondrement: celui d'une idéologie, d'une mentalité ou d'un imaginaire.Quasi mutiques, sans imagination, les tombeaux d'aujourd'hui donnent avant tout l'impression d'afficher le désir unanime de ne plus rien dire des morts. Juste un nom et deux dates; parfois ni l'un ni l'autre. L'heure n'est-elle pas définitivement, à l'oubli et à l'abandon, à l'extermination des morts par absence de signes - dans le cimetière comme à l'extérieur? "Jean-Didier Urbain, L'archipel des morts, cimetière et mémoire en Occident, Payot, p 184-185 - cela vaut d'autant plus pour les cimetières en Amérique du Nord...

10.4.10

Mexique, 1996

Petit village dans le nord de l'état de Veracruz

















Offrandes, quelques jours après la pluie et les cérémonies du "Dias de los muertos"












La mémoire des morts a-t-elle besoin de lieux...

La mémoire du mort existe grâce au souvenir qu’il laisse dans la mémoire du vivant. La mémoire du mort existe grâce à la culture dont il a fait partie, et toutes les sociétés ont des façons de se remémorer leurs morts. Par des messes, des rituels de commémorations, des lieux de souvenirs, des cimetières, des monuments, des offrandes, etc. Mais pas tous les morts ne survivront dans la mémoire des vivants. Souvent il en dépendra de son statut social dans la société ou de ce qu’il aura accompli de son vivant, certains seront glorifiés, leur mémoire sera inscrite à perpétuité dans un objet funéraire somptueux, monumental, mausoléen alors que d’autres seront marginalisés, pour un grand nombre la mémoire alors indifférenciée sera oubliée, enfouie dans une concession temporaire ou une fosse commune... Si l’on considère les nécropoles occidentales comme lieu où s’inscrit la mémoire des morts, « le cimetière reste avant tout un lieu ou foisonne des symboles laïques, religieux, politique, où les dépouilles demeurent, sur le plan du discours, à la merci des survivants et de leurs fantasmes »; « Ces mots, ces signes, ces images, ces symboles sont là pour faire du bruit au cœur du silence de la mort (…) » ( Louis-Vincent Thomas « La société de conservation»Études sémiologique des cimetières d’Occident, Payot, 1978, p9)