La mémoire du mort existe grâce au souvenir qu’il laisse dans la mémoire du vivant. La mémoire du mort existe grâce à la culture dont il a fait partie, et toutes les sociétés ont des façons de se remémorer leurs morts. Par des messes, des rituels de commémorations, des lieux de souvenirs, des cimetières, des monuments, des offrandes, etc. Mais pas tous les morts ne survivront dans la mémoire des vivants. Souvent il en dépendra de son statut social dans la société ou de ce qu’il aura accompli de son vivant, certains seront glorifiés, leur mémoire sera inscrite à perpétuité dans un objet funéraire somptueux, monumental, mausoléen alors que d’autres seront marginalisés, pour un grand nombre la mémoire alors indifférenciée sera oubliée, enfouie dans une concession temporaire ou une fosse commune... Si l’on considère les nécropoles occidentales comme lieu où s’inscrit la mémoire des morts, « le cimetière reste avant tout un lieu ou foisonne des symboles laïques, religieux, politique, où les dépouilles demeurent, sur le plan du discours, à la merci des survivants et de leurs fantasmes »; « Ces mots, ces signes, ces images, ces symboles sont là pour faire du bruit au cœur du silence de la mort (…) » ( Louis-Vincent Thomas « La société de conservation»Études sémiologique des cimetières d’Occident, Payot, 1978, p9)