À moins d'être un nécrophore averti, un croyant pratiquant les rites aux morts; un passionné d'histoire, de monuments et de signes; un observateur d'oiseaux ou de silence; on ne fréquente plus tant le cimetière comme avant, on s'en approche peu, on le regarde de loin en passant en voiture ou en train à la périphérie des villes. Espace ambigu, le cimetière contemporain n'est plus au cœur de la vie, à l'entrée du village, autour de l'église, il est plutôt relégué à l'extérieur des cités et on le fréquente moins; les nouveaux promoteurs préfèrent l'éloigner de nos regards et de nos vies. Lieu d’errance, il est un univers à part que l’on met plus souvent hors scène. Espace de conservation essentiel pourtant, son contenu imaginaire se doit de rester intact; à la lumière de ma petite enquête, on ne semble pas vouloir le perdre ou le voir disparaître, mais on peut douter de son existence à long terme, car c’est un espace clos, éloigné et moins visité, ou seulement en vacances dans une ville inconnue. Peut-on alors douter de sa pérennité, l’imaginer se transformant lentement, car il est de plus en plus ignoré de la culture, du culte et de la vie des vivants. Qui seront les gardiens de la mémoire de demain. Quels seront les supports de mémoire de demain ?.