Si l'on considère les cimetières et les nécropoles en occident _grands cimetières au sein des villes et non les tombes étrusques à caractère monumental_ comme lieux où s'inscrit la mémoire des morts, le cimetière est avant tout un lieu ou foisonne des symboles laïques, religieux, politique, où les dépouilles demeurent d’une certaine façon à la merci des survivants et de leurs fantasmes. On pourrait dire, que le rapport qu'entretiennent les sociétés avec leurs cimetières est loin d'être clair, il n’en est pas moins un reflet, plus souvent qu'autre chose. Les nécropoles recèlent des secrets, informent sur le flux des populations, mais dans le fond, ils bougent peu, les signes du temps y accèdent lentement, loin de nos sociétés où tout va de plus en plus vite, le cimetière reste calme. Sorte d'univers de rêves aux signes funéraires rassurants, le cimetière par sa lente évolution, tenterait-il de prouver à l'homme qu'il est immortel, éternel. L'important c'est que rien ne change, que le monument s'inscrive éternellement, que les fleurs de plastiques comblent la défaillance de signes naturels, et dispensent les vivants de venir le renouveler. Jean-Didier Urbain dira que « c'est finalement autour du fantasme naïf de conservation des morts que se sont développés leur culte, les rites, les pratiques et les productions symboliques qui l'accompagnent» (Jean-Didier Urbain, La société de conservation. Études sémiologique des cimetières d’Occident,Payot, 1978P.10)